20130923

Le serpent d'eau

 Il rampe sur le sol liquide comme serpent d'eau
il se tire par les racines des arbres énormes
et par les pétales de fleurs minuscules.

Lorsque ses membres blessés
pourrissent et deviennent un avec la boue tiède
le dos chaud par le soleil ça pousse
de mains en milles doigts et de pieds faibles
et comme ça il se lance par dessous.

Très loin derrière lui, autant que l’œil peut voir,
même là où les insectes et les vers
avec leur proie se sont perdus
peut être aperçu vaguement, presque une ligne droite.

Un arbre tellement beau

Un arbre tellement beau
aux feuilles de vert foncé et clair
qui
rougissent lorsque le soleil se baisse

insolite
autant qu'habituel

puisque
il a vécu autant que ces arbres tellement beaux vivent
il s'est flétri et s'est perdu

Impatience

Passent les jours, et les mois, et les années,
et nous

nous nous impatientons qu'on finisse l’école,
qu on' se verse notre salaire,
que vienne le weekend,
qu'on rencontre notre bien-aimée,
que vienne le soir

Et ainsi,
passent les jours, et les mois, et les années,
alors que nous

nous nous impatientons

Soif de guerre et de sang

Vous avez soif de guerre et de sang, nigauds !

Ne croyez pas que c’est le besoin de la patrie ou,
au moins, les paroles grandes des marchands.

C’est que tu avais peur de la joie de la vie,
ainsi que,
tu n’as pas réfléchi à la puissance de la mort.  

Empreintes

Coups d’œil secrets, chuchotements, mots amers et
mots doux

souvenirs sans ordre, jetés
-ou même d’autres qui s’en sont allés avec ceux qui
soigneusement les ont nourri

indifféremment ils hantent chaque mur mort
et nous regardent

comme si c’était nous, les empreintes du temps

J’ai un message de dieu!

J’ai un message de dieu!

Dieu m’a dit :

Tu sais quoi, je vais mourir aujourd’hui.
Tu resteras toi-seul dorénavant.

Je ne sais pas si tu peux te débrouiller
tout seul sans moi.

Mais, moi, aujourd’hui je vais mourir.

20130919

Intelligence

tu sais...
une poule est plus intelligente qu’une mouche, ou une fourmi.
ça fait la poule …intelligente ?
tu sais,…un homme est plus intelligent qu’un cochon, ou un cheval.
ça fait l’homme …intelligent ?

on dit que les hommes on détruit la nature.
les poules détruisent-elles la nature ?
peut-être les mouches détruisent la nature ? ou les fourmis ?
peut-être les crustacés détruisent-ils la nature ?
tu sais,... on dit que le plancton a fait le pétrole.

Je vais vous dire une histoire d’un petit animal minuscule.
Il était une fois un tout petit animal minuscule qui a vécu sur la planète il y a environ deux milliards d’ans.
C’était un petit truc drôle. Pas de yeux, pas de pieds, pas de cerveau.
mais le plus drôle c’est que ce petit animal vivait en respirant dioxyde de carbone.

des millions d’années sont passés et ces petits animaux sont devenus plusieurs.
imaginez les océans regorgés d’eux.
une eau animale épaisse.
(j’aimerais pas du tout me plonger là-dedans.)

je parie que vous ne pouvez pas imaginer ce qui est arrivé alors :
ces petits animaux sont devenus si nombreux que finalement ils ont respiré tout le dioxyde de carbone qu’il y avait dans l’atmosphère en délivrant au même temps un gaz toxique mortel.
 ils ont produit une si grande partie de ce gaz poisoneux qu’ils y ont finalement suffoqué.
ils devaient tous mourir.

ce gaz toxique mortel on l’appelle … l’oxygène.
ils ont suffoqué dans l’oxygène.
ils avaient besoin de dioxyde de carbone mais ils avaient tout utilisé.

allons donc, ne soyons pas idiots.
l’homme ne détruit pas la nature.
il n’existe pas de pollution à la nature.
ce qu’on appelle pollution c’est juste la nature.

comme le cerveau humain c’est la Nature.
comme le cerveau de cochon c’est la Nature.
c’est juste la Nature.

La descente de Prométhée de Caucase

Lorsqu’ils étaient arrivés dans l’île bénie les deux frères ont tout trouvé abondant et fertile.
Des milliers des merles, et des chèvres sauvages, et des arbres immenses avec des branches penchées par le poids des pêches et d’autres fruits.
Et il n’y avait rien de plus à demander puisque tout, ils l’avaient somptueusement.

A part d‘avoir tout, chacun pour lui-même.

Depuis plusieurs années, donc, ils coupaient les arbres, ils tuaient les animaux et les oiseaux, ils utilisaient les eaux et les rochers, de sorte que chacun ait pour lui-même le plus et l'autre le moindre.
Jusque à ce que les arbres ont été tous coupés, les oiseaux ont été disparus ayant nulle part à nicher, la terre fertile a dégringolé dans les torrents, les animaux disparaissaient eux aussi puisque l'herbe ne poussait plus. Les bateaux se cassaient vieillis par le temps, tandis qu'aucun bois n'a été laissé pour des réparations, et les poissons semblaient les taquiner tandis qu'ils se multipliaient autour les côtes.

Et ensuite ils ont été affamés beaucoup, et le seul qu'ils pouvaient faire était comme bêtes, de chasser l'un les enfants de l'autre pour qu'il les mange.
Et seulement un a survécu pour nous raconter l'histoire de ce rocher sec au milieu de la Grande Mer.

20130917

Degré de parenté

24% Vitis Vinifera (Vigne)
47% Drosophila Melanogaster (Mouche)
65% Gallus Gallus (Poule)
88% Mus Musculus (Souris)

[Source : National Geographic, Edition Grecque, juillet 2013]

20130912

Le petit héros

Tous marchaient autour de lui d’un pas…sur, ayant une expression de détermination tranquille sur le visage.

Il n’avait plus aucun doute : seulement lui dans toute l’humanité, même dans tout le royaume animal même si végétal, il était condamné à l’incertitude.

[La terre, une drôle fourmilière avec d’activités de construction de haute technologie, une planète comme petit grain, jouet de la première tempête stellaire qui est encore en retard, parce que le temps aussi passe ici de sorte … minuscule.]

Vraiment infortuné, avec ses instincts asthéniques pour le torturer, minute par minute il cherchait à aspirer un peu de joie par les visages surs de ses semblables.    

20130911

Le bébé, la petite paysanne et la hache

Il était une petite paysanne qui avait son bébé sous un arbre ombragé pour s’endormir.

Mais, sur le tronc de l’arbre, et juste au-dessus du bébé qui dormait doucement souriant et bienheureux, un bucheron avait laissé clouée une grande hache lourde.

Elle était assise donc la petite paysanne devant le petit bébé doucement endormi et devant la hache lourde qui était incrustée dans le tronc, et elle se lamentait pour la disparition de son bébé nouveau-né, tandis qu’elle comprenait que, tôt ou tard, la hache lourde tomberait sur lui et le tuerait.
...

[privatisation]

Chaque début de mois il me recrutait et à la fin il me licenciait pour qu’il me réengage.

J’ai travaillé comme ça depuis sept ans.

De l’argent que je recevais dans mon compte, je retournais à l’employeur 250 euros.

Je travaillais pour 380 euros par mois.

On n’était pas payé pour les 4 mois derniers et l’employeur nous a demandé à signer qu’on a perçu les paiements normalement. Pour qu’il reprenne l’entreprise.

J’ai refusé et il m’a fait virer.

Je n’ai pas de droit ni d’indemnité de licenciement ni d’allocation de chômage.

Je ne dis pas mon nom pour ne pas avoir le destin de Kuneva.

[témoignage d’employée d’une équipe d’entreprise de nettoyage dans un hôpital public. 

Athènes, Juin 2013.]

Il n'y a pas d'hommes inférieurs

Ces riches, les magnats, qui ne savent pas combien ils possèdent, et emmènent leurs richesses d'un bout à l'autre et les accroissent de tous les moyens, de tout trahison et de toute ruse, ne sont pas des hommes inférieurs.

Les politicards qui disent qu'ils sont les seuls qui « savent », qui jouent du théâtre chaque instant et à mi-voix disent : «comment je te moque d'eux ! » , ne sont pas des hommes inférieurs.

Les juges, les médecins, les prêtres et ceux qui vendent et achètent l'angoisse, la douleur et la peur ne sont pas des hommes inférieurs.

Les policiers, les travailleurs au port, tous les soumis et les esclaves qui humilient avec plaisir chaque mendiant Odyssée, ne sont pas des hommes inférieurs.

L'huissier, ou le directeur fanfaron qui regarde de haut n'est pas un homme inférieur.

L'amant qui mieux prend du plaisir par le pouvoir du mensonge n'est pas un homme inférieur.

Le voisin qui est devenu riche et chaque moment dit « tu vois ? Nous ne sommes pas la même chose » n 'est pas un homme inférieur.

Moi que je m'en fous lorsque certains font leurs complots, je ne suis pas un homme inférieur.

Simplement, on est des hommes.

Quatre outils

Le pouvoir s’établit et se maintient en utilisant quatre outils :

La violence,
la connaissance,
la richesse et
le mensonge

Automatisme animal

Tout ce qui se passe n’indique pas une volonté satanique. C’est juste un automatisme animal dans le cadre fixé par la nature.

Ceux qui pour n’importe quelle raison se trouvent parfois à posséder n’importe quel pouvoir, même le plus ridicule, disons celui de l’huissier ou du client de parti, considèrent leur supériorité comme évidente face à chaque semblable qu’arbitrairement et à volonté lui traitent comme inférieur.

N’importe quel pouvoir, même le plus ridicule, peut augmenter son pouvoir, devenir de plus en plus arbitraire, de plus en plus arrogant et oppressif, tant qu’il ne rencontre aucun barrière.

Les semailles

La graine la plus précieuse, ce sont les idées.
La terre la plus féconde, c’est la connaissance. 

L’animal

Je vais l’attendre ce destin implacable à passer comme bulldozeur au-dessus de tout, ainsi qu'au -dessus de moi.

Sans maudire aucun dieu ou démon, parce que dieux et démons n’existaient ni existeront jamais.

Autant que je peux, seulement, j’exercerai l’animal dedans moi – et dedans chacun- parce que le plus, c’est là où se cache le destin des hommes.

Le destin

Tout se démolira avec de bruit.

Mots grands, et des œuvres, et grandes fiertés et grandes douleurs, et toute courtoisie, et chaque vulgarité, tout s’écrasera sous le destin implacable des hommes.

La poussière cosmique

Cela sera la grande révolution de l'homme.

Après, il y aura une raison à se dire hommes. Lorsque on se sentira moins que le sol, plus humbles que la poussière cosmique.

Les contrefacteurs

Pour chaque violation la punition sera lourde.

Comme, l’effronté et le malin, se tient debout face à chaque réflexion de son triste soi-même jusqu'il sentira l'amour et la compassion.

Deux lois suffissent

Après la grande révolution de l'homme, l'homme établira la modestie et l'empathie.

Ce seront les seuls lois.

La révolution

Il y a une grande révolution qui doit être faite.

Que l'homme révolutionne contre son propre soi-même et qu'il lui batte à plate couture.
Qu'il le dénude de son arrogance ridicule, lui fasse affronté sa mort, qu'il l'humilie par éclairant sa misère animale.

L’étonnement

Cet édifice va s’écraser avec notre premier et dernier étonnement.

Peut-être demeureront certains à se souvenir sur quelle vulgarité animale il etait fondé et comment précaires sont la domination et l’insensibilité. 

Il va s’écrouler

Cet édifice va s’écrouler.
Il va se répandre en décombres et il n'y a pas de moyen d’être sauvé.

Il va s’écraser sur nos têtes parce que, toujours, lâches et faibles on se tenait devant la connaissance et la décision.